14.07.2006 / Le Monde
Stefan Kaegi, un Suisse de 33 ans, présente Mnemopark, dans la salle Benoît-XII : l'événement du 60e Festival d'Avignon. Trois représentations seulement, mais un bouche-à-oreille qui va vite. Avec ce « parc de la mémoire », Kaegi invente un théâtre documentaire. Sur la scène, des modélistes de métier s'affairent devant des trains miniatures sur fond de paysage suisse : sapins, ponts, tunnels, chalets. Les trains filent d'une vallée à l'autre, et chaque trajet est l'occasion de raconter une histoire. Des faits, des chiffres, un développement sur l'utilisation du sperme du taureau, l'argent dépensé pour sauver l'agriculture, la lecture des petites annonces, le tournage d'un film indien dans une vallée alpine. Ce n'est plus du théâtre politique mais économique. Kaegi dit, avec ironie et précision, l'envers du décor suisse, il fabrique le récit de la mondialisation. Son arme : le détail qui tue.