Von Laure d’Outremont
15.05.2003 / La Libre Belgique
Chaque soir, pendant 23 jours, un Bruxellois parle de sa vie et de son histoire de la ville. Depuis une fenêtre du quartier général du KunstenfestivaldesArts.
«Le monde est un théâtre.» Tiré de l’œuvre de Shakespeare, le concept, assez vieux certes, mais toujours d’actualité: la Midnight Special Agency (voir ci-dessous) s’en est inspirée pour animer chaque soir la Maison de la Bellone, qui sert de quartier général au KunstenfestivaldesArts. Le monde que «l’agence» a choisi de mettre en scène, c’est Bruxelles. Ou plutôt ses habitant.
A minuit pile, chaque soir jusqu’un 24 mai, une fenêtre du premier étage du bâtiment, éclairée d’un néon blue, devient pendant cinq minutes le balcon porte-parole de la vie quotidienne bruxelloise. Comme dans un »JT tridimsionnel» ou théâtral, un présentateur improvisé, M. Tout le Monde rencontré la journée dans les rues de la capitale, raconte une hinstoire. Son histoire parallèle et en décalage par rapport à ce que jouent les «vrais» acteurs du festival.
Vendeurs de chaussures à la criée, pianiste accompagnateur de films muets, collectionneur d’avions, tatoueur… Qui veut présente son train-train quotidien. Acun critère particulier n’est pas acteurs, si ce n’est qu’ils acceptent de transposer leur ordinaire dans le théâtre. Le premier soir du festival, donc, après le décompte fatidique des douze coups de minuit, une oiseleuse est venue, accompagnée de Roméo, son cacatoès rose. Perchée au bolcon du premier étage, elle dévoile sa scène. «Il y a dans la manière dont je me comporte avec les oiseaux quelque chose de théâtral, affirme-t-elle, je joue un rôle. Mais parler avec des animaux, est-ce-vraiment de la fiction?» Où commence la réalité? Où termine l’imagination?
Pièces du puzzle quotidien
Cette «co nférence théâtrale» de 23 jours pousse chaque soir l’interrogation un peu plus loin. «Nous sommes partis d’une inée, explique Daniel Wetzel, l’un des members du trio de la Midnight Special Agency, l’idée d’une représentation où, pour une fois, l’acteurs joue son propre rôle. Et chaque jour, comme l’invité est different et que nous ne savons pas toujours à l’avance ce qu’il apportera au spectacle, nous découvrons une vision théâtrale qui peut parfois recouper ce que la personne précédente a dit ou approfondir le débat.» Chaque tranche de vie à l’honneur est bien sûr autonome et suffirait à former à elle seule un spectacle puisque les acteurs n’ont aucun point commun. Mais la présentation de ses «JT» doit aussi être envisagée dans la continuité les uns des autres. En effet, le apectacle est en évolution permanente, en fonction des invvités, des acteurs, du quotidien. Chaque scène est unique, témoin d’un théâtre de l’éphémere. De la vie.